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Sylvia Earle, la sirène des océans.

Sylvia Earle nous reçoit de bon matin dans son hangar où ses différents engins d'exploration sous-marine trônent. Ni une ni deux, elle me propose de faire l'entretien à l'intérieur de son petit sous-marin. Sylvia a les yeux qui pétillent dès qu'il s'agit d'effleurer le monde sous-marin. Née dans le New Jersey en 1935, Sylvia aime aller explorer le jardin mais lorsque ses parents déménagent en Floride à l’âge de treize ans, elle découvre dès lors l’océan et sa passion pour l’eau naît à ce moment et ne s’éteindra jamais.


« Je pense que tous les enfants sont curieux de ce qu’il y a autour d’eux… et tous les enfants se posent des questions… Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Où ? Comment ? Et je suis chanceuse d’avoir gardé cela dans mon cœur et d’avoir suivi mes rêves de petite fille. »

« Petite déjà, j’aimais les plantes et les animaux et la lecture d’un livre de Jacques-Yves Cousteau m'a fait partager les sensations extraordinaires de la plongée sous-marine, de ses rencontres avec des poissons qui se retournent et reviennent vers lui. Je pense que tous les enfants sont curieux de ce qu’il y a autour d’eux… et tous les enfants se posent des questions… Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Où ? Comment ? Un scientifique est comme un enfant, il se pose pleins de questions… et j’avais cette sensation de vouloir découvrir, m’étonner des choses autour de moi. Tous les scientifiques que je connais ont cette soif de découverte et tous les enfants autour de moi, c’est la même chose ! Certains ensuite prennent d’autres directions mais chacun peut garder au fond de son cœur ce sentiment de curiosité permanent, cette joie de la découverte. Et je suis chanceuse d’avoir gardé cela dans mon cœur et d’avoir suivi mes rêves de petite fille. »



Excellente élève, elle devient biologiste. En 1979, Sylvia réalise une première qui la rendra célèbre : sa fameuse promenade sur les fonds marins. Vêtue d’une combinaison semblable à celle d’un astronaute, elle marche pendant 2 heures 30 en complète autonomie à trois cent quatre-vingt-un mètres de profondeur, un record*. (Elle racontera cette expérience incroyable dans son livre « Exploring the Deep Frontier »). Au fil des ans, Sylvia découvre l'extraordinaire potentiel de l'exploration sous-marine. Elle prend part à plus de soixante dix expéditions et passe plus de six mille cinq cents heures sous l’eau. Elle participe à neuf occasions différentes pour une période plus ou moins longue de une à deux semaines pour des séjours scientifiques sous les mers en autonomie complète. Dans son laboratoire sous-marin, elle expérimente jour et nuit le fait d’être une créature de l’océan, de vivre dans un endroit chaud et sec et de pouvoir sortir nager chaque jour, chaque nuit, à l’heure qu’elle veut.


« Nous sommes au tout début de la grande époque de l’exploration ! Maintenant, nous connaissons l’étendu de notre ignorance. »

« C’est une illusion de croire que tout ce qui est sur terre a été exploré, que l’exploration est finie… C’est une grossière erreur même ! L’exploration ne fait que commencer ! Seulement 5% de nos océans ont été visité ! Il y a plein de choses à faire. Donc, oui c’est vrai, nous sommes au tout début de la grande époque de l’exploration ! Maintenant, nous connaissons l’étendu de notre ignorance. La profondeur des océans est de onze kilomètres et la moyenne de quatre kilomètres de profondeur. Les plongeurs peuvent aller à cinquante mètres, et un petit sous-marin comme celui là, va à six cents mètres de profondeur… Voilà la fine portion des océans que nous connaissons à peu près… Alors les enfants d’aujourd’hui doivent aller explorer l’autre immense partie. Certains sous-marins ont été développé pour exploiter les minéraux au fond des mers, et certains robots pour des scientifiques, ou pour aller chercher des trésors au fond des mers, et tout cela est une motivation exceptionnelle… C’est très romantique d’aller cherchez un trésor au fond des mers mais la vraie motivation doit être la préservation des océans. »


La période actuelle est une des plus excitantes pour Sylvia car pour la première fois nous avons des technologies qui n’existaient pas il y a cinquante ans. Nous comprenons mieux les choses grâce aux explorations qui se sont déroulées le siècle dernier, et même avant. Aujourd’hui nous avons de nouvelles technologies qui permettent aux enfants et à chacun d’entre nous d’aller, non pas là où les plongeurs vont, mais d’utiliser un sous-marin et plonger dans l’océan. Il existe de nos jours des sous-marins pour une personne qui sont très simples à manipuler, même pour un scientifique. Certains peuvent embarquer deux personnes, trois, cinq, ou même dix personnes et ressemble à un bus aquatique qui voyage dans l’océan.


« Tu vas à l’école, on t’apprend les lettres A, B, C. Tu apprends les chiffres, 1, 2, 3… Tu apprends à les combiner. Mais, où à l’école tu apprends que tu es une partie de la nature ? »

« Il est temps pour nous d’utiliser nos cerveaux et de développer des systèmes, comme nous avons pu développer les avions par exemple, qui n’existaient pas il y a deux cents ans. Nous avons besoin de sous-marins qui explorent l’océan, le comprennent et le protègent et il en existe certains dont c’est déjà l’objectif principal. Les océans permettent la vie. Les océans nous donnent une grande partie de l’oxygène que nous respirons grâce à des toutes petites créatures vertes ou bleu-vertes qui comme les plantes et les arbres créent la photosynthèse et récupèrent le carbone de l’atmosphère comme nourriture. Cette masse bleu-verte est une machine exceptionnelle qui fait fonctionner la planète. Tu vas à l’école, on t’apprend les lettres A, B, C. Tu apprends les chiffres, 1, 2, 3… Tu apprends à les combiner. Mais, où à l’école tu apprends que tu es une partie de la nature ? La nature nous garde en vie. C’est tellement important d’apprendre directement de la nature, de comprendre comment nous sommes connectés avec le monde de la nature pour mieux protéger le système qui est à la base de notre vie. »


En 1998, Sylvia a été nommée « Héros de la planète » par Times Magazine et elle collabore aujourd’hui à un ambitieux projet destiné à dessiner la carte de tous les fonds marins qui sera accessible pour tous sur internet. Elle défend tous les jours la cause des océans car, pour elle, pour la survie de la planète, les dix années à venir sont plus importantes que les milles qui suivent. Jules manifeste son contentement de savoir qu'un futur Google Map des océans se dessine... Sylvia se tourne vers lui pour lui demander s'il sait ce qu'il veut faire dans la vie.

« Tu peux faire la différence. Fais tout ce que tu peux pour suivre tes rêves. »

« Tu peux faire la différence. Fais tout ce que tu peux pour suivre tes rêves. Si tu aimes chanter, utilise ce talent, si tu aimes écrire, écris des poèmes, écris des histoires mais utilise ce talent, si tu aimes explorer, si tu aimes être dehors, si tu aimes aller te mouiller dans l'eau, alors fais-le ! Tu n’es pas obligé de faire qu’une seule chose. Certains sont professeurs, d’autres avocats, d’autres réparateurs de vélos ou d’autres cuisiniers… Peu importe ce que tu fais car tu peux aussi aimer les océans. Chacun peut apprendre en plongeant. Tout le monde peut explorer. Tout le monde peut faire des découvertes et les faire connaître. Tu n’as pas besoin d’être un scientifique pour cela ou un ingénieur ! Cela aide bien sûr car ça peut être ta vie entière mais ça peut être aussi une partie de la vie de tous ! Et cela devrait l’être. »


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